Lors de l’assemblée générale de l’Union de la sommellerie française (UDSF), qui a eu lieu hier à Marseille, Fabrice Sommier, Meilleur Ouvrier de France et fondateur de la Wine School implantée à Mâcon, a été choisi pour succéder à Philippe Faure-Brac.
Ce Berrichon de souche a baigné dans l’univers gustatif dès son plus jeune âge. De son grand-père qui lui faisait découvrir secrètement les nectars en devenir dans ses fûts à son père qui lui faisait apprécier le bien manger aux tables de ses bons petits restaurants préférés. Le goût est l’histoire de sa vie. Du goût mais aussi une bonne dose de persévérance. Fabrice Sommier intègre l’école hôtelière de Thonon-les-Bains, un cursus qu’il suit par la voie de l’apprentissage, faute de moyens. Une persévérance récompensée puisque c’est dans cette même école qu’il a été sacré Meilleur Ouvrier de France en sommellerie en 2007.
En 2006, il est nommé maître sommelier de l’UDSF, en 2007 il obtient le titre de MOF sommelier, en 2009 il rejoint le club Nespresso en tant que Coffee Sommelier, en 2010 il remporte le Master of Port, en 2011 il reçoit le titre de chevalier de l’Ordre du mérite agricole et décroche le diplôme de Saké Sommelier. Et ce n’est pas fini : de 2015 à 2021, il travaille en tant que gérant du domaine d’Azenay (17 hectares dans le Mâconnais), en 2016 il est nommé officier de l’ordre du Mérite agricole et devient le secrétaire général de l’Union de la sommellerie française, en 2019 il a été le président du 104e Tastevinage au Château du Clos de Vougeot, et en 2021 il fonde sa propre école : la Wine School… Rencontre avec un boulimique de travail.
Comment vous est venue l’idée de vous présenter à la présidence de l’UDSF ?
Je suis adhérent de cette association depuis 1988 et cela va faire treize ans que je suis dans les bureaux. J’ai été secrétaire général mais aussi directeur des concours pendant dix ans. C’est un investissement, puisque ce poste est non rémunéré, mais ça me paraît logique de donner de mon temps à mon tour, de poursuivre cette notion de partage avec tous les membres, les jeunes mais aussi les passionnés. J’ai un immense plaisir à continuer, avec mes expériences et mon ressenti, le travail époustouflant effectué par mon prédécesseur. Beaucoup de personnes me demandent s’il est difficile de prendre la suite de Philippe Faure-Brac. Je leur réponds que non ! Car il a œuvré avec la personne qu’il est. Je ferai les choses différemment. Philippe a fait un travail de fond sur certains dossiers importants, mon regard se portera sur d’autres et je les traiterai avec autant d’assiduité. Il a réussi à créer une dynamique extraordinaire pour le Meilleur Sommelier du monde, il a fait deux mandats, le temps est venu pour autre chose.
Quels sont les projets pour l’UDSF et la jeune génération de sommeliers ?
Je suis allé chercher beaucoup de jeunesse, de féminité et de diversité. C’est-à-dire pas que des sommeliers qui travaillent dans des restaurants étoilés ou en caves prestigieuses. L’idée c’est de rassembler autour de la sommellerie et de l’UDSF tous les professionnels du vin qui sont passionnés par ce qu’ils font. Si nous pensons en termes pédagogiques, plutôt que de penser à ce que les gens peuvent apporter à la sommellerie, pourquoi ne pas se demander ce que la sommellerie peut apporter aux gens ? Et donc d’être une sorte de syndicat des sommeliers ou du moins le lieu incontournable quand l’on souhaite échanger autour du vin. Nous sommes également entrés dans une ère de communication et il faut repenser notre approche à ce niveau-là. Réfléchir à ce qu’est le vin dans son identité, le vin et les autres boissons, car, ne l’oublions pas, le sommelier est en charge de tous les liquides : eaux, thés, cafés… Mon objectif est donc de développer le partage autour de ces connaissances et de créer plus d’unité entre les régions. Il ne faut pas oublier que l’Union de la sommellerie française n’appartient pas à elle-même mais à tous ses adhérents. Elle est dédiée à toutes les régions, il faut remettre un petit peu de lien car la diversité est une maille nécessaire et nourrissante pour notre tissu professionnel.
Vous êtes situé en région Bourgogne Franche-Comté, à Mâcon. Est-ce que cette situation géographique va avoir un impact sur le fonctionnement de l’UDSF ?
Je ne serai pas à Paris, mais certains membres du bureau y seront. Je ne peux pas être présent tous les jours dans la capitale, et c’est pourtant vrai qu’il s’y passe beaucoup de choses, raison pour laquelle certaines personnes de confiance sont sur place. Quoi qu’il en soit, l’UDSF sera toujours là pour participer aux événements du vin qui ont lieu à Paris. J’ai choisi un bureau en ce sens, il est constitué de : Florent Martin, secrétaire général, Caroline Furstoss, secrétaire adjointe, Xavier Thuizat, trésorier, et Frédéric Devautour, trésorier adjoint. Et, étant donné que je suis à Mâcon, le siège social de l’UDSF va s’installer ici. C’est un énorme changement et une vraie volonté de devenir régionaliste : que les régions reprennent un peu le pouvoir. Il faut savoir que plus de 80 % des membres de l’UDSF sont en province. J’aime profondément Paris, mais je pense qu’il est important que l’on mette en valeur tous les territoires et leurs terroirs. Car que vous ayez un sommelier en smoking ou un sommelier en jean et baskets, ils sont animés par la même passion : ils sont d’abord au service des vignerons et ensuite au service des clients. Que ce soit dans un palace ou dans une auberge au fin fond du Gers, la passion est la même ! On parle le même langage, celui des amoureux du vin.
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